Photographies réalisées par Gilles Reboisson x Ronan Thenadey
Une immersion au cœur du rythme
Le festival Nuits Sonores s’impose comme un point de convergence majeur de la culture électronique contemporaine. À Lyon, il transforme la ville en laboratoire sonore, terrain d’expérimentation où se rencontrent artistes, passionnés, curieux et professionnels. Cette effervescence unique constitue un cadre de travail aussi stimulant qu’exigeant.
Pour ce projet, Red Bull nous a confié la réalisation d’un reportage photographique destiné à une diffusion internationale. Nous étions deux à répondre à cette mission : Ronan Thenadey, photographe aguerri au regard singulier, et moi-même ; Gilles Reboisson. Une collaboration précieuse, guidée par l’exigence du résultat, la complémentarité des regards et une volonté commune d’honorer la confiance accordée.

Photographier l’invisible
Entre rigueur et instinct
Capturer l’essence d’un festival comme Nuits Sonores implique bien plus que de simples clichés de scène. Il s’agit de traduire en images l’ambiance, la tension, la vibration collective. En backstage comme au plus près du public, chaque prise doit être réfléchie, rapide, précise.
Dans ces conditions, l’effacement du photographe devient un art : se rendre invisible sans jamais perdre l’instant décisif.
Travailler pour une marque impose un cadre strict. Les contraintes visuelles sont clairement définies, les éléments interdits identifiés en amont. Cette rigueur nous oblige à une attention constante, mais nourrit également une certaine forme de créativité contenue, qui affine le regard.



Rigueur matérielle et mobilité absolue
Pour cette mission, j’ai opté pour un Canon EOS 1D-X, associé à un 24-70mm, un 70-200mm et un grand angle. Aucun flash : le poids, la mobilité et la discrétion primaient. Le tout était transporté dans un sac d’épaule Lowepro Urban Reporter 250, conçu pour répondre aux exigences de terrain.
Chaque nuit de reportage suivait un rythme précis :
Brief à 18h, début des concerts à 21h, fin vers 5h du matin, puis sélection, édition et livraison des images jusqu’en fin de matinée. Une courte pause, et les repérages reprenaient pour la nuit suivante. Cette cadence soutenue exigeait une maîtrise parfaite du matériel, mais aussi une gestion rigoureuse de l’énergie et de l’attention.

Savoir-faire événementiel, signature WAMM
Sur les Nuits Sonores, WAMM ne s’est pas contenté de capter l’événement : nous l’avons raconté, de l’intérieur, avec exigence et cohérence. Fidèles à notre vision de l’événementiel, chaque moment a été abordé comme une pièce d’un récit global. Du repérage aux derniers exports, notre équipe a déployé un dispositif agile et léger, pensé pour une captation réactive en milieu dense. Caméras, appareils photo, micro-interviews en backstage, séquences live… tout a été coordonné pour produire des contenus prêts à vivre en ligne, dans l’instant comme dans la durée.
Ce projet incarne ce que nous défendons chez WAMM : un collectif uni, sans empilement de prestataires, où les expertises se croisent naturellement. Grâce à notre expérience terrain et à notre maîtrise des contraintes de l’événementiel, nous avons su anticiper, nous adapter, rebondir. Ce n’est pas qu’une couverture visuelle, c’est une narration complète — précise, impactante, maîtrisée, au service de ceux qui vivent l’événement comme de ceux qui le découvrent à distance.
L’alchimie du son et de l’image
La musique, lorsqu’elle est portée par une foule en fusion, devient une matière à part entière. Elle influence le regard, oriente l’instinct, inspire la composition. Lors de certaines performances — celles de Laurent Garnier ou de Motor City Drum Ensemble, notamment — la communion entre l’artiste et le public était telle que chaque image semblait se construire d’elle-même, guidée par la pulsation ambiante.
Cette énergie collective, presque palpable, constituait un moteur permanent. Elle imposait le rythme, dictait les choix d’angles et insufflait une tension vivante à chaque cliché.

Un travail de fond, invisible et instantané
La partie immergée de l’iceberg résidait dans la postproduction. Dès la dernière image capturée, l’ordinateur prenait le relais. Tri, sélection, retouches, export, puis envoi des fichiers en moins de quelques heures : ce flux tendu exigeait rigueur, rapidité, et une endurance silencieuse. Dans cet enchaînement intense, chaque détail comptait, chaque choix devait être assumé.



Une mission, une trace
Ce reportage fut une expérience totale : visuelle, sensorielle, humaine. Travailler au sein d’une structure aussi dense que les Nuits Sonores, pour un acteur exigeant comme Red Bull, en collaboration avec un photographe de la trempe de Ronan Thenadey, impose un haut niveau de précision et d’adaptation.
Mais c’est précisément dans cette tension entre exigence et créativité que se forge la valeur d’un travail photographique. Lorsque la musique, l’image et l’instant se rencontrent au bon endroit, au bon moment — alors naît quelque chose de plus grand que la somme de ses éléments.